
En France, la vente de réglisse a connu des restrictions ponctuelles au début du XXe siècle, la faute à une réputation douteuse de produit addictif. À la même époque, de nombreux bonbons stars des années 1970 arboraient fièrement des colorants aujourd’hui disparus des recettes, propulsant ces friandises au rang de symboles, tout en semant la pagaille dans les rayons d’épicerie.
Le renouveau du marché a entraîné la résurgence de marques oubliées, surfant sur la vague d’une nostalgie qui séduit désormais autant les grands enfants que les plus jeunes. Pourtant, certaines recettes originales demeurent une illusion : entre les évolutions de la réglementation et le bannissement d’ingrédients controversés, le goût d’hier ne se retrouve pas si facilement dans les sachets d’aujourd’hui.
Pourquoi les bonbons d’antan continuent-ils de fasciner toutes les générations ?
Impossible pour la confiserie rétro de s’effacer : elle ravive l’enfance à la moindre bouchée. Chaque parfum, chaque forme, ranime ces souvenirs inconnus des smartphones et des réseaux sociaux. L’industrie, jalouse de son histoire, s’appuie souvent sur des maisons familiales comme Haribo, qui ont traversé le siècle sans rien lâcher. D’ailleurs, qui n’a jamais fredonné « Haribo c’est beau la vie, pour les grands et les petits » ? Ce slogan a traversé les chaumières, et la famille garde encore la main sur l’entreprise.
Ours d’Or, Dragibus, Fraises Tagada, Chamallows : ces noms se glissent dans les conversations des enfants comme dans celles des adultes. Face à l’évolution des goûts et des modes de consommation, la confiserie s’adapte :
- bonbons sans gélatine pensés pour les végétariens,
- recettes au xylitol,
- variantes créées sur mesure,
tout en restant fidèle à leurs origines. Ce n’est plus seulement un souvenir personnel, c’est un pont entre générations, tant le partage d’un sachet fait remonter les images du passé dans le quotidien d’aujourd’hui.
L’enfance tient à peu de choses. Il suffit d’un bonbon vers de terre avalé en douce sur le chemin de l’école, d’un berlingot pioché lors d’un anniversaire, d’un caramel subtilisé avec ruse pour raviver une foule de souvenirs. La recherche actuelle n’est pas dans les nouveautés, mais dans la quête du goût idéal : la tendreté d’un roudoudou, la pétillance acidulée d’un Fruity Tube, ou l’explosion intense du chewing-gum Frizzy Pazzy.
Mordre dans une vieille recette n’a rien d’anecdotique. Ce sont des liens qui se tissent à travers la nostalgie, discret rappel que le goût laisse une empreinte autant qu’un parfum, et qu’on se transmet bien plus qu’une friandise à travers un paquet partagé.
Des réglisses aux soucoupes : voyage à travers les confiseries qui ont marqué notre enfance
Impossible d’ignorer la diversité des confiseries nostalgiques qui tapissent les étals. Les réglisses, bâton nets ou spirales enroulées, révélaient une puissance singulière et une texture reconnaissable entre mille. Inimitable aussi, la soucoupe : cette fine hostie farcie de poudre acidulée, qui surprenait les palais dès la première morsure. Ouvrir un sachet de bonbons, c’était espérer tomber sur le trésor convoité, celui qui ranimerait des sensations enfouies.
Certains noms ont acquis le statut de repères collectifs. Carambar, Malabar, Dragibus, Fraises Tagada, Chamallows : la poésie des sonorités fait partie du plaisir. Le roudoudou coquillage teignait doigts et lèvres, tandis que le Frizzy Pazzy crépitait en bouche et que le Roll’Up ou le Tubble Gum rivalisaient dans l’art du chewing-gum ludique. Impossible, aussi, d’oublier les colliers de bonbons à croquer entre deux jeux ou le Pierrot Gourmand sur le comptoir d’un bureau de tabac.
Pour illustrer la richesse de ce patrimoine, quelques exemples emblématiques s’imposent :
- Ours d’Or : héritiers directs des Gummibärchen, ils incarnent la modernité du bonbon gélifié.
- Berlingots : éclats translucides, acidulés ou caramélisés, à laisser fondre lentement.
- Smarties et boules magiques : explosion de couleurs et surprises croquantes à chaque fin de paquet.
Redécouvrir la confiserie vintage n’a rien d’une mode. Derrière chaque saveur revient la question de la transmission, du plaisir partagé autour d’un simple sachet de bonbons. Cet héritage, du caramel au beurre aux pâtes de fruits, s’installe dans la mémoire collective et se rejoue, génération après génération, au gré des fêtes ou des retrouvailles.
Où retrouver aujourd’hui ces douceurs rétro et comment sont-elles fabriquées ?
Pour les amateurs de plaisirs surannés, certains lieux restent des passages obligés. À Montélimar, le Palais des Bonbons du Nougat et des Souvenirs attire les nostalgiques, curieux de parcourir des salles muséographiques, d’admirer d’anciennes boîtes ou de goûter les classiques remis au goût du jour. On y croise le coffret de bonbons, l’incontournable anis de Flavigny, et tous ces repères qui peuplent l’imaginaire collectif.
La fabrication de ces douceurs intrigue : entre gestes d’artisan d’antan et innovation industrielle, rien n’est laissé au hasard. Le choix des ingrédients, la cuisson lente du sucre, l’ajout d’arômes naturels ou de gélatine délimitent la personnalité de chaque friandise. Haribo, marque fondée en 1920 à Bonn, produit aujourd’hui plus de mille déclinaisons sur seize sites à travers l’Europe, fédérant plus de sept mille salariés. La marque multiplie les innovations (notamment les bonbons sans gélatine pour répondre aux restrictions alimentaires) tout en s’appuyant sur des recettes devenues repères, comme les Ours d’Or.
La France tient à ses classiques : berlingots de Carpentras, bonbons anis de Flavigny. Dans quelques ateliers éparpillés en Provence ou à Cambrai, le sucre se travaille encore à la main, perpétuant des gestes qui survivront sans doute à la mode. Chaque coffret, chaque sachet raconte l’attachement à ces souvenirs, entre fidélité absolue à la tradition et envie de nouveauté.
Il suffit d’ouvrir un paquet, parfois, pour que déferle tout un passé en suspens. Les couleurs, les rires et ces saveurs d’enfance refont alors brusquement surface. Qui aurait cru qu’une simple confiserie, même minuscule, avait ce pouvoir-là ?
